C'est l'éternel dilemme. Faut-il se contenter du point pris contre des Bordelais taillés pour jouer les cadors, ou alors les Strasbourgeois doivent-il regretter les occasions manquées et les trois points qui se sont finalement dérobés ?
 Au sortir des vestiaires alsaciens, les avis divergent. Kevin Gameiro, par exemple, penche plutôt pour la deuxième option. Normal, pour un insaisissable buteur que seule la victoire contente. « On mène au score, on a le match en main, explique le petit attaquant, auteur de son troisième but de la saison. On pouvait espérer la victoire. Il y a donc de quoi être frustré. »

 Quand Gameiro le droitier ouvre le score, au quart d'heure de jeu, d'une superbe frappe croisée du gauche, il est vrai que les Bordelais n'en mènent pas large. A l'image d'un Johan Micoud complètement inopérant et d'un Jussiê transparent, les Girondins courent en vain derrière le ballon.
 Jusqu'à la demi-heure de jeu, Strasbourg domine ainsi outrageusement les débats. Accoudé au banc, Laurent Blanc mâchouille frénétiquement son incontournable touillette. Hormis une tête, non cadrée, de Bellion (13e'), l'entraîneur girondin ne voit rien venir.
 Ou plutôt si, il voit débouler des hommes bleus survoltés. Johansen, à la distribution, est alors inspiré. Cohade, remonté comme un coucou à l'idée de prouver à son ancien club qu'il s'était trompé à son sujet, ratisse des ballons aux quatre coins du terrain. Et Cassard, finalement sur la seule situation chaude, repousse d'une main ferme la lourde frappe d'Alou Diarra (34e').
 Ne manque que l'essentiel. A savoir un deuxième but qui aurait pu renvoyer les Strasbourgeois aux vestiaires le coeur léger. Mais la finition est bâclée. Alvaro Santos, qui pèse sur la défense en lieu et place de Renteria seulement rentré de Colombie hier soir, manque ainsi à trois reprises la cible.
 On imagine que Blanc a dû pousser sa petite gueulante à l'issue de cette période à sens unique. Toujours est-il que les Bordelais remontent sur le terrain animés d'intentions autrement plus louables. L'entrée de Chamakh pour Chalmé et la réorganisation tactique qui en découle - Jurietti prend le couloir droit, Wendel recule d'un cran - déstabilisent les Strasbourgeois.
 « On a mis du temps à s'adapter, reconnaît Rodrigo. Une fois qu'on y est parvenu, ils avaient égalisé. » Le but de Bellion (62e'), son septième de la saison, jette un froid dans la Meinau. Et la tête de Chamakh qui s'écrase sur la transversale, deux minutes plus tard, manque de glacer définitivement l'ambiance. Entre-temps, Alvaro Santos aurait peut-être pu bénéficier d'un penalty, le Brésilien s'écroulant entre Planus et Jemmali...

« C'est normal
que l'on subisse »

 « Ces vingt-cinq minutes de moins bien, on les doit simplement à la qualité de Bordeaux, justifie Jean-Marc Furlan. Face à huit, voire neuf joueurs à vocation offensive, c'est normal que l'on subisse. Après le but, ça s'est rééquilibré. On aurait même pu l'emporter sur la fin. »
 Alvaro Santos, de la tête, Bellaïd puis Rodrigo parviennent à enflammer les vingt dernières minutes. Mais Ramé veille. « Ce nul est somme toute logique, conclut Furlan. Excusez-moi de le rappeler, mais nous n'avons pas le même objectif que Bordeaux. Eux veulent titiller Lyon, nous visons le maintien. »
 Ce matin, le Racing est neuvième avec seize points. C'est bien, même s'il pourra longuement deviser sur l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.