L'important, c'est de participer?

L’important, c’est de participer…

Ce vieil adage, dont l’origine est attribuée (à tort) à Pierre de Coubertin lors d’une cérémonie d’ouverture des JO et que les français ont (trop ?) bien en tête, nous porte préjudice depuis des décennies.

Je m’explique. Fouillez bien dans vos souvenirs et vous trouverez bon nombre d’expériences malheureuses de français arrivés 2^ème et pourtant portés autant en triomphe que s’ils avaient été sur la plus haute marche du podium.

On en connait plein…

Dans le désordre : Alesi (quasiment aussi célèbre que Prost alors qu’il a gagné un seul Grand Prix pour… 32 podiums !), Fignon (ses 8 secondes de retard en 1989…), Equipe de France de rugby (1987, 1999, 2011… rien que ça !), les innombrables médailles d’argent aux JO (été ou hiver, comme vous voulez…), Poulidor (l’éternel second)…

Justement, parlons de Poulidor… Son combat de toute une vie face à Anquetil, ce combat qui divise la France entière. Anquetil le sérial winner ou Poulidor l’éternel second ? La France ne réfléchira pas bien longtemps et se rangera vite derrière un Poulidor « toujours placé mais jamais gagnant ».

Pourquoi ? Pourquoi avoir honte des victoires et tant chérir cette modeste place de 2^ème ?

Parce que c’est un mal bien français. Habitués aux exploits contre des « gros », on se plait dans ce rôle de David face à Goliath mais on n’endosse très mal le costume de favori.

On ne compte pas le nombre de fois où l’on a vu les journalistes douter d’une victoire française face à de modestes nations. Pas besoin de chercher très loin… L’Ukraine, le Honduras, l’Equateur et le Nigéria, malgré tout le respect que je leur porte, ne sont pas des foudres de guerre loin s’en faut.

En revanche, combien de fois avez-vous vu des articles de presse anticipant avec grande confiance une victoire française face à ces modestes nations ?

Vous ne trouvez pas ? C’est normal. Mentalité Poulidor vous disais-je…

Schneiderlin et Pogba évoquent une volonté de gagner la CdM ? Deschamps les reprend de volée et explique que l’on va prendre match après match et puis « on verra ».

Jeunes joueurs, j’admire votre fougue sur le terrain et je respecte vos ambitions. Je les partage même. Participer à un tournoi et se contenter d’une place d’honneur ? Non, terminons-en avec tout cela ! Le Graët a osé dire que « les objectifs étaient à présent dépassés et que le reste à venir serait du bonus ».

Quelle colère en moi quand j’ai lu cela !

Haïssons la défaite comme ces grands joueurs apprennent à le faire dans leur club et apportons cette culture en France. Un tournoi se joue pour être gagné, pas pour bien y figurer.

Qui se souvient du finaliste de telle ou telle édition ? Personne. Seuls les vainqueurs restent en mémoire.

Alors messieurs, vendredi le costume d’outsider vous ira certainement très bien, mais n’oubliez pas une chose essentielle : un match se joue pour être gagné.