Cher Monsieur Houiller

Comment allumer un contre-feu: leçon donné par le maître du genre. 

Il semblerait que vous ayez un problème avec la défaite et que vous éprouviez quelques difficultés à vous remettre en cause.

On se souvient déjà de cet épisode glorieux de 1993 où votre équipe de France réussit à ne pas se qualifier pour le mondial aux USA: la faute à Ginola, pas à Houiller. Tout au long de cette saison, vous vous êtes une nouvelle fois dépassé pour trouver des explications à vos échecs. Car si la saison de l'OL restera comme une réussite (un titre de champion de France suffit pour cela), la votre tourne carrément au plantage. Car en fin de compte, vous n'aurez fait ni mieux ni moins bien que les différents entraîneurs qui vous ont précédé à ce poste.

Bien évidemment, loin de moi la volonté de vous accabler et je sais aussi reconnaître vos mérites passés: gagner un titre de champion de France avec le PSG, remettre Liverpool sur le chemin du succès.

Mais à vous voir évoluer, je crains qu'un jour vous ne finissiez au Qatar ou à Nantes, où tout le monde est passé.

Cette finale de coupe de la Ligue nous reste tous les deux en travers de la gorge, mais pas pour les mêmes raisons: pour vous la défaite, pour moi les commentaires (dont les votres) sur la victoire girondine.

Alors, comme ça, Bordeaux a pourri le match, c'est tout ce que vous en retenez. Bordeaux a battu Lyon parce qu'ils sont méchants. Ce que je comprends comme "Bordeaux est méchant parce qu'il a battu Lyon".

Réussir à perdre contre Bordeaux cette année, c'est loin d'être une bonne référence. A ce stade de la saison, vous êtes même le seul entraîneur à y être parvenu deux fois. Non, j'oubliais Saint-Etienne, qui tentera bientôt la passe de trois.

Bordeaux a pourri le match, donc. Mais n'est-ce pas déjà cette explication que vous nous avez sorti après le fiasco romain? Renouveler donc vos excuses en même temps que vos joueurs...

La vérité de ce match est ailleurs: vous vous êtes totalement planté tactiquement mais c'est plus dûr à avouer. Là où Ricardo sut changer un joueur pour sortir Bordeaux du coma profond, constatant dès la mi-temps l'échec de son coup, vous vous êtes entêtes dans vos erreurs. Vous pourrez toujours me dire que pendant 20 minutes Lyon a bien joué (et c'est vrai), mais alors pourquoi vous être arrêté?

Dès la composition, j'ai commencé à avoir des doutes sur votre réelle volonté de gagner ce match: car aligner un tandem Fred-Govou ailleurs qu'en CFA, appuyés d'un Juninho aux abonnés absents en 2007 pour animer le jeu, c'était déjà ne pas mettre toutes les chances de son côté. Je ne parle même pas de Vercoutre, car c'est l'un de vos rares choix que je respecte (malgré le résultat).

A aucun moment de ce match, vous n'avez paru agir. Vos trois remplacements, vous ne les avez pas initié mais subi: Juninho victime d'une élongation du fessier (ça ne s'invente pas), Fred coupable d'un pétage de plomb renouvelé, Wiltord lorsque le mal était fait. A se demander pourquoi avoir retenu ce même Wiltord, Kallstrom, Baros ou Benzema, si c'était pour si peu s'en servir...Alors qu'il aurait suffi, face à l'absence d'attaques girondines, de faire rentrer l'un de ces joueurs offensifs en deuxième mi-temps pour remporter cette coupe sans trembler.

Car vous avez abordé ce match sans plan, sans stratégie. A voir les baffes prises par Jurietti, dont chacun sait que c'est l'un des meilleurs amis de Cyril Rool et qu'il en partage certains traits de caractère comme l'impulsivité, j'ai cru déceler le début d'une tactique qui faillit réussir sans les diligences de l'arbitre: faire sortir le joueur de son match. Lequel Jurietti n'a pas manqué de tomber dans le panneau et faillit y emmener avec lui un certain Fred, qui pourrait bien rejoindre le LOU à l'intersaison.

Avouer que pour une équipe et pour un club qui se targuent de pratiquer l'un des plus beaux footballs européens, c'est un peu maigre comme projet de jeu.

Le résultat de ce match ne pouvait dès lors surprendre personne: Lyon n'a pas joué son jeu et Lyon a perdu. Et ne me dites pas que c'est la faute à la violence de l'adversaire...Même la victoire peut ne pas être belle!

En conclusion, cher Monsieur Houiller: apprenez à perdre ou apprenez à vous taire: ça nous suffit déjà de devoir entendre parler Aulas. J'ai l'audace de croire que vous valez mieux que lui.