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Chronique des coupes d'Europe : Olympique de Marseille

Par magicjool, le mercredi 04 Novembre 2015

Chronique des coupes d\'Europe : Olympique de Marseille

 Bon qui dit semaine de coupe d'Europe, dit une nouvelle chronique. Mais aujourd'hui, je dois vous prévenir que ça va être un peu spécial. Tout d'abord il s'agit de mon cinquantième article sur ce site, et je suis assez fier d'avoir quelques fidèles lecteurs qui me disent du bien de ce que j'écris. En plus de cela, cette chronique va traiter du club de mon cœur, celui qui m'a donné la passion du foot, qui m'a offert les premières grandes émotions de supporter. Comme indiqué à la fin de ma dernière chronique, on va parler aujourd'hui de l'Olympique de Marseille. Enfin, j'ai envie de dire. Car pour un supporter, j'ai pour l'instant parlé 2 fois du PSG, de l'OL, de Monaco... bref cette année comme un signe du destin, l'OM se présente pour ma 50ème chronique, chose même pas calculée puisqu'en priorité j'ai écris sur les équipes en Champion's League, puis j'ai décidée d'écrire sur les clubs d'Europa League suivant l'ordre alphabétique (Bordeaux, Marseille, Monaco, Saint-Etienne).

Alors, après cette intro au ton très personnel, il est temps d'entrer dans le vif du sujet. Et s'il n'est pas simple de choisir une épopée à raconter, une évidence est là : 1992/93. Et oui, n'en déplaise aux détracteurs de ce club, il s'agit ici de la première victoire française en coupe d'Europe et pas n'importe laquelle, la coupe des clubs champions rebaptisée cette année là Champion's League. Mais comme je n'ai pas envie de faire les choses à moitié, je vais refaire un petit historique, poser le contexte pour vous conter une épopée qui m'a fait couler les larmes, moi jeune enfant de 10 ans.

En 1986, l'OM alors au fond du gouffre après des déboires financiers et sportifs se cherche un repreneur. C'est Gaston Deffere, maire de Marseille, qui va alors prendre l'initiative de courtiser un jeune businessman dans l'aire du temps, un golden boy qui a réussi dans les affaires et déjà dans le sport (le cyclisme), Bernard Tapie. Le personnage n'est pas encore sulfureux, il est même au contraire le meilleur exemple de ce que pouvait produire les années 80. Lorsqu'il arrive aux commandes d'une moribonde équipe de division 2, il lance une déclaration folle, l'objectif dans les années à venir est de gagner une coupe d'Europe. Et le club remonte vite en division 1 et perdent en finale de la coupe de France 1987 face à Bordeaux qui réalisent cette année là un doublé. Donc en 1987/88, l'OM est déjà de retour en coupe d'Europe des vainqueurs de coupe, après 11 ans d'absence au niveau continental. Ils seront demi-finalistes. Lors de la saison 1988/89, ils sont champions de France et retrouvent la coupe des clubs champions. En 1989/90, ils sont demi-finalistes à nouveau. L'année suivante 1990/91, ils perdent en finale contre l'Etoile Rouge de Belgrade, laissant l'image d'un Basile Boli en larmes, et surtout la meilleure équipe de l'OM à mon sens battue, abattue. En 1991/92, c'est l'échec dès le second tour, contre-coup dans l'ambition de Tapie. L'OM en championnat survolle. Mais voilà, un cycle se termine, Papin et Waddle partent. Arrivent Voller et l'inconnu ou presque Boksic. La coupe d'Europe des clubs champions devient la Champion's League et l'on écoute résonner pour la première fois les notes tant connues. Les phases de groupes ont quant à elles été mises en place l'année d'avant, où le FC Barcelone avait remporté la compétition.

L'OM démarre la compétition le 16 septembre 1992, affrontant au premier tour le modeste club nord-irlandais de Glentoran. Le match a lieu à Belfast, les olympiens s'imposent 5 à 0 grâce Voller, Martin Vasquez 2 fois, Sauzée et Ferreri. Au retour au Vélodrome, les esprits sont plus que sereins, l'OM gagne 3 à 0 avec des buts de Omam Biyik, Abedi Pelé (le papa Ayew de son vrai nom) et Boli. C'est un tour de chauffe tranquille pour les marseillais qui sont concentrés d'ores et déjà sur le prochain adversaire, le Dynamo Bucarest. Le déplacement en Roumanie ressemble à un traquenard et les marseillais reviennent avec un nul 0 à 0. On a peur de revivre l'échec de l'année précédente. Ce ne sont pas les seuls favoris en délicatesse puisque Barcelone fait 1 partout à Moscou, et Leeds perd 2 à 1 à Glasgow. Heureusement, le match retour se déroule au Vélodrome, le stade est comme à son habitude bouillant. C'est Alen Boksic qui va se mettre en valeur et faire le taf, marquant à la 32ème et 68ème minute. L'OM est en phase de groupe mais pas Barcelone... le tenant du titre ayant perdu au Camp Nou 3 à 2 face au CSKA Moscou. Leeds, emmené par Cantona et malgré un but du français, est sorti après une nouvelle défaite 2 à 1 contre les Glasgow Rangers. L'AC Milan de son côté déroule. Le PSV impressionne aussi avec sa star brésilienne Romario qui marque tous les buts de la qualification face à l'AEK Athène (0-1 ; 3-0).

L'Olympique de Marseille sera dans le groupe A avec Glasgow Rangers, le FC Bruges et le CSKA Moscou. Dans le goupe B, on retrouve l'AC Milan, le FC Porto, le PSV Eindoven et l'IFK Goteborg. Le Milan fait figure de grand favori avec Van Basten et Papin en attaque, Gullit, Baresi, Maldini... l'OM a un groupe plus homogène mais largement jouable. Pour rappel, seuls les premiers de chaque groupe se retrouvent pour jouer la finale. Dans les buts marseillais, évolue un jeune gardien inexpérimenté en provenance de Toulouse, Fabien Barthez. Et son vrai baptème du feu, il va le vivre à l'Ibrox park de Glasgow, l'antre des Rangers, sous une pluie diluvienne. Les chants écossais si bruyant accueille les marseillais. Pourtant dans ce contexte difficile, les phocéens entament bien la rencontre, dominent, et sont récompensés d'abord à la 31ème minute par Boksic puis en deuxième mi-temps à la 55ème grâce à Rudi Voller. On se dit que le plus dur est fait pour cette entrée en matière. Mais c'est oublier de quelle nature sont les écossais. Ceux-ci ne lâchent rien et ne semble pas subir la fatigue due à une météo exécrable et à un terrain très lourd. Ils reviennent à 2 à 1 par McSwegan à la 76ème, et finissent par égaliser dans un stade en fusion sur un but de la tête, typiquement écossais, de Hateley (qui met son cœur à vif) à la 82ème minute. Douche froide pour les marseillais mais pas de catastrophe. Bruges de son côté l'emporte 1 à 0 contre Moscou. L'OM reçoit d'ailleurs les belges au match suivant. Et la forte impression donnée à Glasgow malgré un scénario rocambolesque, se confirme. L'OM gagne 3 à 0, buts de Sauzée sur penalty à la 4ème minute, puis de Boksic à la 10ème et 26ème minute. Dans le même temps, Glasgow gagne 1 à 0 en Russie. Dans le groupe B, Milan impressionne par une première victoire 4 à 0 contre Goteborg sur un quadruplé exceptionnel de Van Basten et gagne ensuite à Eindoven 2 à 1. Ils gagnent leur troisième match à Porto 1 à 0, but de Papin !! Marseille, pour son troisième match, allait défier l'hiver russe particulièrement rigoureux.C'est Abedi Pelé qui ouvre le score à la 27ème. Les phocéens démarrent bien comme à leur habitude, mais là encore ils vont se faire surprendre par la vivacité de cette jeune équipe qui a tout de même sorti le Barça de Cruyff. Fayzulin égalise sur un joli but à la 55ème minute. 1 à 1 sera le score final. Score de parité 1 à 1 également entre Bruges et Glasgow. Le groupe est très serré.

Pour la phase retour, l'OM acceuille le CSKA Moscou au Vélodrome, et va faire exploser cette équipe. Sauzée marque 3 buts, Pelé un seul, Ferreri et Desailly participeront à la fête. 6 à 0, une démonstration devant le public du Vélodrome qui croit plus que jamais que c'est l'année pour aller au bout. Les Rangers eux battent Bruges 2 à 1. Milan continue son parcours parfait en gagnant contre Porto 1 à 0. l'OM a l'occasion de prendre un bel ascendant sur la première place avec la réception de Glasgow. Sauzée ouvrira le score sur un beau coup franc à la 18ème minute. Malheureusement ils laissent filer la victoire à la 52 ème minute suite à l'égalisation de Durrant. Ce sera le score final. Sauzée auratouché la barre pendant la rencontre. Cela rend le dernier match à Bruges capital, victoire obligatoire pour jouer la finale, tout autre résultat ouvre la porte à Glasgow qui reçoit Moscou ou à Bruges qui doit l'emporter absolument. Les phocéens du sorcier belge Raymond Goethals viennent pour écrire une nouvelle page de l'histoire du club. Dès la 2ème minute, Boksic marque et donne l'avantage à Marseille. A partir de là, le match sera une longue attente, dns le stress. D'abord parce qu'on se demande si l'OM va se faire égaliser comme cela lui est arrivé déjà par 3 fois, ensuite parce que Glasgow fait 0 à 0 dans l'autre match contre Moscou. Les scores des 2 matchs ne bougeront pas. L'Olympique de Marseille ira défier le Milan invincible qui compte 6 victoires en 6 matchs dont les 2 derniers 1 à0 à Goetborg et 2 à 0 contre le PSV.

Nous y voilà donc, à la rencontre au sommet, Milan AC vs Olympique de Marseille à Munich dans l'enceinte incroyable de l'Olympiastadion. Que dire de ce match que l'on connaît par cœur. Un stade rempli de Marseillais dont la ferveur est à son summum. Ce match c'est aussi le choc des golden boys, Tapie contre Berlusconi. Waddle rend visite aux marseillais pendant leur préparation. Les joueurs phocéens sont détendus, ils ne sont pas favoris mais ils croient en eux. Deschamp en capitaine courage répète en long et en large qu'une finale ça ne se joue pas, ça se gagne. En face, que dire, du lourd, du très lourd se présente. Dès l'entrée sur le terrain, dans le couloir, les Marseillais en imposent aux milanais, ils ont la rage de vaincre. Ce match c'est celui de leur carrière. Devant la télé, c'est toute la France qui est marseillaise. Dans les têtes, une question, un club français peut-il gagner la coupe d'Europe ? Tapie va-t-il réaliser sa prédiction de 1986 ? Alors comment faire le film de ce match finalement ? Vous expliquer que le gamin que j'étais regardait la première mi-temps anxieux, allongé sous la table du salon serrant très fort un coussin. Vous expliquer le corner obtenu, tiré par Pelé, Boli surgissant dans les airs frappant le ballon d'une tête décroisé presque manquée, ce même ballon que regarda passer Rossi sans bouger pour le voir entrer dans son but, voir les filets bouger, sortir de sous ma table en hurlant, faire le tour du salon en courant et sautant et criant pendant ce qui m'a paru une éternité d'ivresse et de bonheur. Puis la mi-temps, l'angoisse, il est l'heure d'aller au lit mais je ne peux pas, j'avais vu la finale de 1991 en k7 vidéo le lendemain... non jamais. Je ne pouvais dormir sans savoir... Puis la voix de ma mère qui me dit que c'est bon je peux rester parce que c'est pas tous les jours qu'on pourra voir une équipe gagner la coupe d'Europe... elle y croyait aussi, elle stressait aussi. Même mon père regardait alors que le foot ça ne l'intéresse pas. La deuxième mi-temps, du stress et rien d'autre, je tremble, les secondes passent si lentement. Papin rentre, je le siffle goulument, bouuuuuuu. Et il fait un pied haut face à Barthez et tous ses anciens copains l'entourent et lui explique que s'il veut jouer à ce jeu là, il va être servi, moi-même je suis debout et du haut de mes 10 ans, je suis en feu ! Puis le coup de sifflet final, libération du bonheur, j'exulte, je pleure de joie... non jamais je n'ai dormi cette nuit là dans mon lit, je revoyait en boucle le but de Boli dans ma tête, les joueurs courir avec cette coupe aux grandes oreilles autour du terrain, Boli encore lui nous faisant signe que cette fois il n'y a pas de larmes. Mes potes pensionnaires à l'école sont dans le même état, un pion ayant eu la bonne idée de leur permettre de voir le match. Le lendemain, il n'y avait personne pour bouder son bonheur. L'OM et le foot français ne faisaient qu'un.

Et puis derrière, les découvertes sulfureuses... oui Tapie aidé par Bernes, a cheté des joueurs de Valenciennes pour baisser le pied lors de la rencontre se disputant trois jours avant cette finale. D'un coup, il devient à la mode de cracher sur ceux qui ont gagné la coupe d'Europe, sur le terrain contre un cador, un vrai, et dans la douleur. Car il faut avoir vu tous ces matchs pour savoir que l'OM aurait pû ne même pas être en finale. Alors oui c'est facile aujourd'hui de dire que Tapie était un gangster. Moi c'est là que j'ai su que je serai un vrai supporter de cette équipe, que je ne les lacherai jamais. Je peux être en colère, désabusé, déçu, de mauvaise foi mais toujours fier d'être, dans l'âme, marseillais. Et n'oublions jamais qu'ils sont comme le dit le DVD « A jamais les premiers », DVD qu'il faut voir absolument, ne serait-ce que pour comprendre la passion des marseillais pour leur club. Pour ma prochaine chronique je reviendrai sur une page importante de l'AS Monaco mais ça c'est une autre histoire...

Julien Dehodencq alias Magicjool

magicjool
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Commentaires 5 commentaires

chrisnonore chrisnonore

mercredi 04 Novembre 2015 à 20h47

J'ai bien aimé la petite référence à un feuilleton australien que j'aimais bien.emoji 17
magicjool magicjool

mercredi 04 Novembre 2015 à 20h44

c'était surement la chronique la plus dure à écrire pour moi...emoji 08
Je suis ravi si l'émotion en ressort, les clubs français nous ont fait vibrer en coupe d'Europe et c'est ce que j'attends d'eux encore aujourd'hui. Dans chaque chronique, je racontes ma passion pour ce sport.
rijekayu rijekayu

mercredi 04 Novembre 2015 à 19h37

Merci, effectivement de nous avoir fait revivre cette épopée, j'avais presque oublié que c'était un vrai chemin de croix avant d'arriver en finale emoji 22
Ce que Tapie à fait n'enlève rien à ce que Marseille nous a apporté au début de la décennie des années 90emoji 22, du bonheur emoji 13
Et c'est tout ce que nous demandons aux clubs français qui jouent en coupe d'Europe.
Le reste, c'est de la littérature emoji 21
chrisnonore chrisnonore

mercredi 04 Novembre 2015 à 19h32

On sent l'émotion dans ton texte, j'adore.emoji 04
Je me souviens de ce match fou à Glasgow qui avait lancé cette campagne.
Et ce corner à la 43eme minute, où ce serait le bon moment pour marquer selon Thierry et Jean Michel.emoji 15
Vivement les prochaines éditions pour parler de la main de Vata en 90 avec une équipe géniale, celle de 91 où la plus belle équipe française perd en finale, sans oublier les coupes de l'UEFA 99 et 2004.
Ça te laisse pas mal d'articles pour te permettre d'arriver à 100.emoji 15
rijekayu rijekayu

mercredi 04 Novembre 2015 à 19h31

Julien, encore bravo pour ta chronique, tu la racontes avec passion, avec émotion emoji 22
Moi, j'avais 15 ans passé, j'étais en classe de seconde emoji 22et je me rappelle bien sûr du match, mais le lendemain, personne n'avait la tête au travail emoji 21
On rêvait même qu'un jour, on serait champion du monde emoji 21.
Une chose est vraie, tu as raison, nous étions tous marseillais emoji 22 et nous le serons encore demain face à Braga emoji 15