Chronique des coupes d'Europe : Dynamo Kiev

Pour ma nouvelle chronique, je vais maintenant parler d'un club de légende et je ne mache pas mes mots du football européen. Ce club sera l'adversaire de l'En Avant Guingamp en 16 ème de finale de ligue Europa. Je parle bien entendu du très Ukrainien Dynamo de Kiev. C'est avec un certain plaisir que je pense pouvoir en faire découvrir sur ce club aux plus jeunes d'entre nous. Je sais que les passionnés de longue date ont déjà de belles images dans la tête à l'évocation de ce nom, des soirées d'ailleurs plutôt belles pour le football français.

Mais une fois n'est pas coutume, nous allons faire un peu d'histoire. Le Dynamo Kiev est fondé en 1928, sous l'égide de l'organisation sportive soviétique « Dynamo » déjà à l'origine de la création du club russe Dynamo Moscou et du club biélorusse Dynamo Minsk. Cette organisation est dirigé par la police politique soviétique. A l'époque, l'Ukraine n'existe pas. Kiev appartient à l'ancien Empire russe devenu république Bolchévique depuis octobre 1917. Le club intègre officiellement le championnat d'URSS en 1936. Le club possède un palmares époustouflant qui s'étale sur deux période. La première période va jusqu'en 1993, elle voit le club être sacré 13 fois champion d'URSS, gagner 9 coupes de l'Union Soviétique, 3 supercoupe de l'Union Soviétique. Ajoutez à cela 2 coupes des vainqueurs de coupes en 1975 et 1986 et enfin une supercoupe d'Europe en 1975. A partir de 1993, ils participent au championnat d'Ukraine, l'URSS s'est effondrée et fractionné en une multitude de nations ce qui expliquera en partie la baisse du niveau globale (économique et sportive) des championnats. Ils seront 13 fois champions d'Ukraine, gagnent 4 coupes de la CEI (communauté des états indépendants, soit ex-URSS, cette coupe a disparu en 2011), 10 coupes d'Ukraine et 5 supercoupe d'Ukraine. Le dynamo de Kiev est une machine à gagner des titres qui a malheureusement vu arriver un rival féroce, le Shaktar Donetsk.

J'en parle maintenant mais on se doit de rappeler qu'en ce moment en Ukraine a lieu ce que l'on peut appeler une guerre civile. Il est donc légitime de penser que les clubs Ukrainiens ne seront pas au top. De plus, l'Ukraine comme la Russie joue son championnat en décalé ce qui fait qu'à cette période de l'année, ils ne sont pas toujours au top.

Que retenir de ce club finalement ? Le dynamo Kiev est un créateur de talent, une usine à génies, cette équipe a été l'une des mieux représentée en équipe nationale d'URSS, puis d'Ukraine, il est même arrivé que l'équipe nationale aligne 11 titulaire du dynamo, notamment à l'époque Shevshenko. Et comment évoquer le Dynamo Kiev sans parler d'une légende, l'égal du Guy Roux soviétique, peut-être même le Alex Fergusson soviétique, l'entraineur au visage à expression unique, Valeri Lobanovski. Cet homme a d'abord été joueur du club avec lequel il est champion en 1961. Il arrête sa carrière de joueur à 29 ans après 253 matchs et 71 buts, 2 sélection en URSS. Déjà ça en impose mais sa reconversion c'est du Mozart. En 1973, après avoir fait ses gammes à Dniepropetrovsk, il devient entraineur du Dynamo Kiev. Il restera en poste jusqu'en 1990, cumulant par trois fois avec le poste de sélectionneur de l'URSS, d'abord entre 1975 et 1976 pour remporter une médaille de Bronze aux jeux olympiques de Munich, puis en 1982 pour la coupe du monde, et enfin de 1986 à 1990 où il conduit l'URSS lors des coupes du mondes 1986 et 1990 et également l'Euro 1988 où il perd en finale contre les Pays-Bas de Van Basten et un but mythique. Il quitte ensuite l'URSS en chute. Mais l'histoire ne s'arrête pas là car il revient sur le banc du Dynamo en 1997 et ce jusqu'en 2002. Il sera sélectionneur de l'Ukraine en 2000/2001. Il décède en 2001. Il est élevé au rang de « Héro ukrainien » plus haute distinction du pays. Enfin, le Dynamo Stadium, enceinte du club de Kiev, est renommé à son nom. Là y'a du CV !!! Et que dire sur les autres légendes, sachez que trois ukrainiens ont gagné le ballon d'or, Oleg Blokhine (1975), Igor Belanov (1986) et Andrei Shevshenko (2004) et que les 3 ont été des joueurs emblématique du Dynamo de Kiev, seul le dernier ne l'a pas gagné en étant au club. D'ailleurs, seul le dernier n'a pas gagné la coupe d'Europe avec le Dynamo. Ils ont tous été entraîné par Lobanovski. Je ne vais pas m'étendre plus mais on pourrait parler de Rebrov et bien d'autres. Contrairement au Shaktar, la politique du club reste encore la formation.

L'équipe actuelle compte quelques talents dont certains connus en France comme Belhanda. Le gardien Shovkovsky est une valeur sure, et attention à Oleg Gusev. Pour le reste, je ne suis pas un spécialiste. Ils n'ont plus joué depuis décembre mais restent sur une série de 8 matchs sans défaite dont 7 victoires. La dernière défaite en date est face à Aalborg en Europa league 3 à 0 le 23 octobre 2014.

Passons maintenant aux confrontations entre le Dynamo Kiev et les représentants français. La première rencontre avec un club français est juste mythique, c'est contre les verts de Saint-Etienne, un peu avant que les poteaux carrés gachent la fête. Il s'agit d'un quart de finale de coupe des clubs champions. Kiev est le vainqueur de la précédente coupe des coupes et de la supercoupe d'Europe face au Bayern Munich. Sainté se déplace d'abord en Ukraine et repart avec une défaite 2 à 0. Mais les français vont alors réaliser un exploit digne du panthéon du football, gagner 3 à 0, faire vibrer la France jusqu'à Glasgow... m'enfin voilà une entrée en matière tonitruante. Nous faisons ensuite un bond jusqu'en 1983/84 pour un premier tour de coupe UEFA entre Kiev et le Stade Lavallois !! Et oui, surprenant. Et à l'aller, Kiev reçoit Laval qui obtient le 0 à 0. C'est déjà une belle performance, mais au retour les français réalisent l'exploit en s'imposant par la plus petite des marges, cela mériterait une chronique mais c'est une autre histoire. On arrive en ligue des champions, saison 1994/95, le Dynamo Kiev partage son groupe avec le PSG, les parisiens l'emportent là-bas 2 à 1 et ensuite au parc 1 à 0. Lors de la ligue des champions 1998/99, Kiev est dans le groupe de Lens, les nordistes arrachent un nul 1 à 1 héroïque en Ukraine face à la bande à Shevshenko. Le match retour aura lieu au stade de France et se terminera par un 0 à 0. Et c'est une nouvelle fois en phase de groupe de ligue des champions que le Dynamo croise un club français, cette fois l'Olympique lyonnais, en 2006/2007. Lyon va surclasser cette équipe 3 à 0 en Ukraine, et faire le job 1 à 0 à Gerland. En 2008/2009, Kiev d'abord qualifié en champions league, est reversé en coupe UEFA, ils se hissent jusqu'en quart de finale où ils croisent à nouveau la route du PSG. Cette fois les parisiens ne parviennent pas à gagner chez eux et ils se feront corriger par les Ukrainiens 3 à 0 au retour. Cette fois, le sourire est du côté du Dynamo. Et c'est en ligue des champions 2012/2013 qu'a lieu le troisième round face au PSG. Seulement c'est le PSG version quatar et stars qui affrontent les ukrainiens, leur infligeant un terrible 4 à 1 au Parc, et gagnant au retour également 2 à 0. Toutefois, Kiev survit et se retrouve reversé en 16ème de finale de l'Europa league où le tirage lui offre une autre équipe tricolore, les Girondins de Bordeaux. Match aller à Kiev 1 partout, ça semble compliqué pour le Dynamo. Le retour sera impitoyable avec une défaite de plus en terre hexagonale, 1 à 0.

Le bilan est très clair pour Guingamp, c'est la gagne !! Et une belle épopée à l'arrivée ! Car comment ne pas avoir envie d'y croire, la France est une terre maudite pour le Dynamo Kiev où il n'a jamais sû faire mieux que le nul, il en est reparti parfois avec les valises plus lourdes qu'à l'aller. Guingamp est dans une super dynamique, peut-être la meilleure saison du club. Kiev est destabilisé par les événements tragiques dans son pays, en vacances depuis décembre et donc à cour de rythme. Si on peut parler d'une spirale négative parisienne, du côté breton je dirai que l'on a le vent en poupe si vous me permeettez l'expression. Bref, cette fois je termine la chronique avec un grand « En Avant !! » pour Guingamp. Et d'ici peu on se retrouve pour parler d'un autre adversaire so british... ou plutôt so frenchies, mais ça c'est une autre histoire...

Julien Dehodencq alias Magicjool