Chronique de la coupe du monde : USA 1994

     La coupe du monde 1994 est organisée aux Etats-Unis. Il s'agit d'un pays dans lequel le "soccer" a du mal à exister, et ce malgré une tentative entre 1968 et 1984, et notamment la présence de star en fin de carrière tels que Beckenbauer, Cruyff ou Pelé qui a terminé aux New York Cosmos (symbole de cette époque. Ce mondial a un but promotionnel évident, en cas de succés sera lancée la MLS (Major League Soccer). De plus, les Etats-Unis ont participé à plusieurs coupe du monde. Il n'est finalement pas complètement incongru, au moment où cette coupe du monde est un événement médiatique à la hauteur des JO, de confier son organisation à un pays qui voit toujours plus grand. Reste à voir si le sport lui-même va en sortir grandi.

131 pays participent aux qualifications, 24 participent à la phase finale. La formule de ce mondiale est inchangée, sauf que la victoire à 3 points fait son entrée. Ce n'est pas anodin puisque maintenant trois match nuls ne sont plus équivalent en point à une victoire et un nul. Si l'on s'amuse à refaire les comptes de certaains mondiaux, l'Histoire pourrait être différente... Bref, parmi les participants, on retrouve 13 européens (Suisse, Roumanie, Russie, Suède, Allemagne (réunifiée), Espagne, Grèce, Bulgarie, Italie, Norvège, Eire, Belgique et Pays-Bas), 4 sud-américains (Brésil, Argentine, Bolivie et colombie), 3 africains (Maroc, Cameroun et Nigéria), 2 asiatiques (Corée du sud et Arabie Saoudite) et enfin deux pays représentant l'Amérique Centrale et du nord (USA et Méxique).

Passons maintenant au récit du premier tour. Et là, dés le groupe A, il y a à dire. Les  USA vont réussir leur entrée avec un nul contre les suisses et une victoire surprise contre la Colombie qui avait un statut de favori. Cela coutera la vie à Escobar (Andrés et non Pablo!) auteur du 2ème but américain contre son camp, à son retour au pays... triste anecdote qui montre les excés du fanatisme sous toutes ses formes.La Roumanie de Hagi (le Maradona des Carpates) va survoler ce groupe, devençant la Suisse et les USA qualifiés en 8ème. Dans le groupe B, beaucoup moins de suspens, le Brésil de Romario et Bebeto se qualifie facilement accompagnée par la Suède. Le match match entre Russie et Cameroun qui ne compte pour rien voit deux records, celui de Salenko et ses 5 buts et celui de Milla plus vieux buteur à 42 ans d'une coupe du monde. Le Groupe C voit l'Allemagne réunifiée se qualifier avec l'Espagne. Que dire si ce n'est que la Corée est éliminée avec les honneurs, faisant le nul contre l'Espagne 2 à 2, et accrochant l'Allemagne qui gagne 3 à 2, mais elle ne fait que le nul contre la Bolivie et ne peut finir parmi les meilleurs troisièmes. Au sein du groupe D, la sensation de ce mondial se nomme Nigéria. Ils vont battre la Bulgarie et la Grèce, et perdre d'un rien contre l'Argentine de Maradona. Maradona sera d'ailleurs exclu de la compétition aprés son 2ème match. On se souviendra de son but contre la Grèce qui avait soulevé les soupçons. Triste fin pour cette légende. D'ailleurs, l'Argentine terminera 3ème du groupe à cause de sa défaite au 3ème match contre la Bulgarie mais se qualifie. le groupe E va avoir un résultat assez incroyable. Italie, Eire, Méxique et Norvège terminent avec 4 points et le même goal average. Le choix doit se faire aux nombres de buts marqués et c'est la Norvège qui va quitter la compétition. Enfin, dans le groupe F, une autre équipe surprise se fait remarquer. L'Arabie saoudite va remporter 2 matchs contre le Maroc et la Belgique et accède aux 8ème de finale. Pays-Bas et Belgique ont le même nombre de point que les Saoudiens.

En huitième de finale, la Roumanie va battre l'Argentine 3 à 2, celui que l'on appelle le "maradona des Carpates" va briller devant les yeux du vrai maradona impuissant en tribune. La suède affronte l'Arabie Saoudite et va devoir se battre pour obtenir la victoire 3 à 1. Le Brésil va se qualifier grâce à un unique but face au pays organisateur, et franchemant les USA n'étaient vraiment pas loin de l'exploit. Pays-Bas et Eire s'afrontent, le résultat sera 2 à 0 pour les oranje. Dans une rencontre magnifique, l'Allemagne l'emporte 3 à 2 contre la Belgique, du beau football. Bulgarie et Méxique font 1 partout, les tirs au but seront favorables aux Bulgares pour qui cette aventure n'en finit plus d'être incroyable. Les bulgares ont arraché leur qualification à 11 seconde du dernier match face à la France, et celle pour les 8ème grâce à une inattendue victoire contre l'Argentine. Stoichkov et sa bande commencent à faire peur. La sensation africaine, le Nigéria, va pousser l'Italie en prolongation mais ne réussira pas à égaler l'exploit camerounais d'accéder aux quarts. Score final 2 à 1 pour l'Italie. Enfin, l'Espagne élimine la Suisse avec la manière 3 à 0.

En quart de finale, la Roumanie va faire match nul 2 à 2 avec la Suède. Les suèdois mettent fin à l'aventure roumaine aux tirs au but 5 à 4. dans la rencontre suivante, le Brésil et les Pays-bas se livrent un match superbe et ampli de suspens. Si le Brésil mène 2 à 0 grâce à la doublette Romario/Bebeto, il ne faut pas enterrer les hollandais qui vont revenir à égalité. Il faudra un coup franc tout en puissance de Branco à la 81ème minute pour envoyer la seleçao en demi-finale. L'Italie va gagner 2 à 1 contre l'Espagne dans une rencontre trés disputée. Dino Baggio ouvre le score à la 25ème minute. Mais à la 58ème minute, Caminero égalise. Et c'est à la 87ème minute que Roberto Baggio (qui n'a aucun lien familial avec Dino) libère tout un pays. Dans le dernier quart, Allemagne et Bulgarie s'affronte dans un match à nouveau trés appréciable. Et les tenants du titre vont voir leur mondial s'arrêter face à la sensation de ce tournoi. Si Matthaus ouvre le score sur pénalty à la 47ème, il va falloir 3 minutes à Stoichkov et Letchkov pour renverser la vapeur (75ème et 78ème). La Bulgarie est donc en demi-finale.

Quand on est français en 1994, on a un gôut trés désagrable dans la bouche, une sensation d'être passé à côté d'une des plus belles pages de notre Histoire. En effet, Bulgarie et Suède sont les deux qualifiés au mondial aux dépends de la France, elle qui n'avait besoin que de prendre un point en 2 matchs et qui constate les dommages devant sa télé. Et dans la première demi-finale, la Suède va tomber sur plus forte qu'elle. Le Brésil l'emporte avec un but de l'inévitable Romario. L'autre demi-finale, entre la Bulgarie et l'Italie, se termine par la victoire 2 buts à 1 des transalpins. 

Pour le match de la troisième place, la Suède va écraser la Bulgarie 4 à 0. Les bulgares n'étaient déjà plus là et venaient tout de même de réaliser un exploit vu qu'avant 1994, ils n'avaient jamais remporté de match en phase finale. Et moi, je pestais tout seul sur le gachis français...

Et voilà la finale tant attendue. Si en 1970, ces deux pays jouaient une finale historique qui allait décider du premier triple champion du monde, celle-ci disputée au Rose Bowl de Pasadena devant 94194 spectateur allait décider du premier quadruple champion. Romario contre Roberto Baggio, un duel qui faisait saliver d'avance. Mais voilà, cette finale allait ressembler plus à un match du mondial italien 4 ans plus tôt qu'à celle du trés réussi mondial américain. Au bout de 120 minutes de suspens d'un match où l'enjeu a pris la pas sur le jeu, la décision allait pour la première fois dans l'Histoire de la coupe du monde se jouer aux tirs au but. Baresi, le premier tireur italien rate... mais tout de suite derrière Marcio Santos également. Massaro avance pour le 4ème penalty de l'Italie et rate. Dunga ne manque pas l'occasion. Le Brésil a l'avantage. Tout repose donc en premier lieu sur le dernier tir de Roberto Baggio. il s'élance et envoie le ballon dans les cieux... le Brésil est champion du monde pour la 4ème fois. Baggio est à genoux, la tête dans les mains, lui qui a été l'un des piliers de son équipe dans ce tournoi, voire un sauveur.

Ce mondial se termine par l'épreuve la plus cruelle. Le Brésil viendra défendre son titre 4 ans plus tard. Et cette fois la France ne manquera pas le rendez-vous puisqu'elle l'organise... mais ça c'est une autre histoire.

Julien Dehodencq (alias magicjool)