Chronique de l'Euro 1964

       Nous voici à la seconde étape de la Coupe des Nations de l'UEFA qui a eu lieu en 1964. La route est encore longue pour arriver à notre futur Euro 2016. Le champion du monde en titre est le Brésil qui a battu la Tcecoslovaquie en finale du mondial 1962 au Chili. Les équipes de l'Est pour ce nouvel Euro font toujours figure de favorites. Il faut ajouter à cela la Yougoslavie. Mais la donne risqque de changer un peu car vont s'aligner lors des qualifications 29 pays, soit 12 nouveaux arrivant dont les pays anglo-saxons. Ajoutez à cela le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), l'Albanie, la Suède, l'Italie et Malte. Rien n'a changé dans la formule de la compétition. La France quant à elle, se trouve dans une période creuse de son football. Il a été difficile de gérer l'échec de 1960.

  C'est en juin 1962 que débutent les qualifications pour la Coupe des Nations. On commence par un tour préliminaire qui va donner trois pays exempts directements qualifiés en huitièmes de finale, l'URSS, l'Autriche et le Luxembourg. Parmi les pays qui vont passer ce tour préliminaire, on peut noter l'Italie qui a facilement disposé de la Turquie (6-0, 1-0), la France qui a sorti son voisn anglais (1-1, 5-2), l'Espagne qui élimine la Roumanie (6-0, 1-3). Egalement qualifiés la Suède, le Danemark, la Yougoslavie, la Bulgarie, l'Irlande, l'Irlande du nord, la Hongrie, les Pays-Bas et la RDA. L'Albanie est la dernière à rejoindre les huitièmes suite à un match nul à domicile 1 partout contre la Grèce qui déclarera forfait pour le match retour.

Donc nous allons passer un peu plus de temps sur les huitièmes de finale. Honneur au tenant du titre l'URSS qui affronte l'Italie. Les soviètiques gagnent 2 à 0 à l'aller mais les transalpins vont les accrocher au retour 1-1. La France aimerait participer de nouveau aux demi-finales et doit sur son chemin passer l'obstacle bulgare. La défaite à Sofia 1 à 0 rend la tache compliquée mais les bleus vont réussir un bon match retour et l'emporter 3 à 1. La Yougoslavie fait face à la Suède. Le finaliste malheureux de 1960 réalise un match moyen à domicile 0 à 0. Au retour en Suède, c'est la catastrophe, une défaite 3 à 2 et une élimination inattendue. La Hongrie sort la RDA après deux matchs très accrochés, victoire 2 à 1 en RDA et match nul 3 partout au retour. L'irlande bat l'Autriche (0-0, 3-2), le Danemark sort l'Albanie (4-0, 0-1), l'Espagne élimine l'Irlande du nord (1-0, 1-1). Enfin, le Luxembourg rencontre les Pays-Bas. Au match aller à Luxembourg, les deux équipes se quittent dos à dos 1 à 1. On se dit que les hollandais ont l'avantage mais vont se faire surprendre au retour, battus par un vaillant Luxembourg 2 à 1. Il s'agit d'une sacrée surprise.

Il reste donc une étape pour accéder à la phase finale de cette Coupe des Nations. Parmi les qualifiés, l'un d'eux aura l'honneur d'organiser l'événement. Et ces quarts de finale débutent avec l'Espagne qui affronte l'Irlande. Au match aller, les ibériques l'emportent 5 à 1 à domicile. Au retour, l'Irlande ne peut rien faire et perd à nouveau 2 à 0. La France, elle, doit lutter avec la Hongrie pour décrocher son billet. A Colombes, les bleus sont battus dans tous les domaines du jeu, la Hongrie gagne 3 à 1. Au retour, les hongrois ne tremblent pas et gagnent 2 à 1. Les bleus n'iront pas en demi. L'URSS doit affronter la Suède qui a fait tomber la Yougoslavie. Les soviétiques sont prévenus. Le match aller est difficile mais l'URSS s'en sort avec un match nul 1 à 1. Malgré le courage des suédois, l'URSS est trop forte et l'emporte 3 à 1.Le dernier quart est le plus ouvert et voit se faire face Luxembourg et Danemark. Le Luxembourg n'en finit pas de surprendre et obtient un match nul à domicile 3 à 3. Au retour, les danois croit avoir fait le plus dur en menant 2 à 1 à la 70ème minute mais les luxembourgeois égalisent à la 84ème et décrochent un match d'appui. Il faut dire qu'à l'époque, pas de buts à l'extérieur. Un troisième match a donc lieu à Amsterdam et voit le Danemark gagner 1 à 0. Les luxembourgeois ont réalisé un parcours remarquable.

   Nous connaissons maintenant les quatre qualifiés. Parmi eux, c'est l'Espagne qui est choisie pour accueillir l'événement. Sachant que l'URSS, tenante du titre et favorite au doublé, va venir, tout le monde se remémore les qualifications de la compétition précédente où Franco avait préféré le forfait de son pays plutôt que d'accueillir les soviétiques... Mais là, il va falloir accepter la venue des communistes. Les stades choisis pour l'événement sont le Camp Nou de Barcelone et le Santiago Bernabeu de Madrid. En demi-finale, l'Espagne reçoit à Madrid la Hongrie. Bernabeu accueille 34713 spectateurs dans un stade qui fait plus du double. Mais c'est déjà plus qu'en France 4 ans plus tôt. Le match va être plus serré que prévu. Les Espagnols ouvrent pourtant rapidement la marque à la 35ème minute par Pereda. Mais ils n'arrivent pas à doubler la mise et s'exposent à un retour hongrois. Cela interviendra à la 84ème minute quand Bene égalise. Il faudra donc aller en prolongations. Dans les têtes espagnoles, le doute est présent. La libération va arriver à la 115ème minute grâce à un but victorieux signé Amancio. L'Espagne s'offre donc une finale. Contre qui les ibériques vont-ils aller chercher la victoire ? Dans l'autre demi, l'URSS, tenante du titre, affronte le surprenant Danemark. On se dit qu'il n'y a guère de suspens pour cette opposition. Et la rencontre va confirmer la différence de niveau. Les soviétiques ne font pas de détails et l'emportent 3 à 0, buts de Voronin à la 19ème, Ponedelnik à la 40ème et enfin Ivanov à la 87ème minute.

Le match de la 3ème place entre le Danemark et la Hongrie ne va pas passionner quand on voit le nombre de personne présente à Barcelone, à peine 3869 !! Tout le monde dans le pays ne pense qu'à la finale. Cependant, le match fut interessant en débutant par l'ouverture du score hongroise à la 11ème minute par Bene. Mais cette fois, ce sont les danois qui vont tenir jusqu'à obtenir l'égalisation sur un but de Bertelsen à la 82ème. La Hongrie est abonnée aux prolongations dans ce tournoi. Cette fois cela va sourire aux magyar qui vont inscrire 2 buts par Novak, à la 107ème sur penalty puis à la 110ème. Le Danemark paye son manque d'expérience dans cette compétition.

Si le 21 juin 1964 fut l'arrivée de l'été, il s'agissait également de la finale de cet Euro qui allait opposer l'ogre soviétique, l'URSS, au pays organisateur, l'Espagne franquiste. Cette fois, à défaut d'être plein, Bernabeu accueille tout de même 79115 personnes. Les cœurs espagnols vibrent pour la roja. Pour Franco c'est un magnifique symbole d'unité nationale. Comme tout régime dictatorial, le sport est un magnifique étendard de force et de patriotisme... mais nous allons nous concentrer sur ce match qui n'avait pas eu lieu 4 ans plus tôt. L'URSS aimerait décrocher le doublé. C'est un contexte donc très fort pour ce match. Le match démarre sur les chapeaux de roues avec un but espagnol dés la 6ème minute par Pereda. Le stade est en ébullition. Mais à peine deux minutes après, Khusainov les fait taire en égalisant. Difficile d'imaginer le vainqueur, les ibériques se battent comme des diables face à un bloc soviétique solide. Le match va s'enfermer dans un suspens étouffant pour les spectateurs. Mais l'histoire du football sait écrire des scénarii magique. Pour Franco et toute l'Espagne, le miracle va prendre forme à la 84ème minute quand Martinez inscrit le second but de l'Espagne qui sera quelques minutes plus tard de victoire. Et en effet, l'URSS est assommée et ne reviendra pas dans le match. L'Espagne l'a fait, elle est donc le deuxième champion d'Europe dans son tournoi.

       Dans la prochaine chronique, nous verrons les événement du championnat d'Europe des Nations 1968 qui va amener quelques nouveautés mais ça... c'est une autre histoire.

Julien Dehodencq alias Magicjool