1. Parce que Toulon
Si les années 2000 ont été marquées par les duels entre le Stade Français et le Stade Toulousain, la décennie actuelle est celle de la rivalité ASM/RCT. Depuis la demi-finale dantesque du Top 14 en 2010 (35-29 a.p.), Clermont et Toulon sont devenus les « meilleurs ennemis du monde », se retrouvant régulièrement face à face en phase finale, notamment lors de deux finales européennes riche en suspense. L'antagonisme n'est pas seulement sportif mais aussi culturel entre deux clubs comptant parmi les publics les plus chauds de France et qui sont l'image de la ville qu'ils incarnent : Toulon l'exubérante, Clermont la plus discrète. Il n'y a qu'à voir l'engouement sucité par la mise en vente des places ou la simple annonce des retrouvailles européennes des deux équipes pour se rendre compte du de la teneur de la rivalité entre l'ASM et le RCT.
2. L'enjeu sportif
Aussi bien pour Clermont que pour Toulon, ce quart de finale constitue le premier rendez-vous majeur de la saison. En jeu : une place en demi-finale face au Leinster. Une demie que le vainqueur du jour disputera presque « à domicile » : à Lyon si l'ASM se qualifie ; à Nice, si le RCT sort vainqueur. Ce qui rajoute un peu plus d'enjeu à ce quart de finale franco-français.
A quelques heures du coup d'envoi, de nombreux voyants sont au vert pour Clermont (fraîcheur physique, le fait d'évoluer à domicile, le parcours depuis le début de la saison), mais les Toulonnais ne sont pas en reste. Ils possèdent dans leurs rangs des joueurs d'expérience, qui savent se transcender lors de ces matchs couperets.
Une chose est certaine, aucune des deux équipes ne voudra lâcher. Car le perdant de ce match prendra assurément un coup sur la tête. Ce qui pourrait avoir des incidences à l'approche du sprint final en championnat.
3. La plus grosse ambiance au Michelin
Longtemps loué pour son ambiance unique, le stade Michelin est, selon l'avis de beaucoup, devenu plus calme ces dernières saison. Mais s'il y a bien une échéance qui suffit à raviver la flamme de la « Yellow Army », c'est bien la Coupe d'Europe. « On sait qu'on a un gros public qui vit beaucoup pour cette Coupe d'Europe. J'ai découvert ça il y a trois ans quand je suis arrivé au club. J'ai découvert une ambiance de fou pour cette épreuve. Les supporters ont peut-être un penchant pour la Coupe d'Europe, donc tant mieux de pouvoir recevoir en quart de finale », a d'ailleurs déclaré Camille Lopez à ce sujet cette semaine. Face au rival toulonnais, dans ce qui restera, sportivement parlant, le plus gros match de l'année disputé à domicile, le Michelin promet d'être incandescent. De quoi redevenir ce que M. Barnes, l'arbitre anglais de la rencontre, a qualifié récemment de « un des plus beaux stades du monde pour l'ambiance ».
4. Deux équipes sous pression.
A l'aube de cette rencontre, Clermont et Toulon sont sous pression. Meilleure formation européenne de la phase régulière, deuxième du Top 14 derrière ces surprenants Rochelais, Clermont entamera cette rencontre dans le costume de favori. Sans oublier que les Auvergnats évolueront à domicile, ce qui lui confère un avantage certain, et qu'ils vont défier une formation varoise incapable de s'imposer loin de ses bases depuis l'arrivée de Mike Ford à la tête du RCT. Les joueurs de Franck Azéma auront donc à cœur de ne pas se rater devant leur public et surtout d'éviter une nouvelle désillusion face à leurs meilleurs ennemis.
En face, la donne est différente. Depuis son sacre européen en 2015 (le 3e de suite, un record) et le départ de ses leaders (Botha, Hayman, Wilkinson, Williams), le RCT a perdu de sa superbe. Véritable machine à gagner pendant de nombreuses saisons, Toulon n'a plus soulevé le moindre trophée depuis 2015. Déjà sorti à ce stade de la compétition l'an passé (par le Racing, à Colombes), le club varois se passerait bien d'une nouvelle élimination dès les quarts. Ce qui constituerait un nouvel échec pour ce club en perte de vitesse. D'ailleurs, comme à son habitude, Mourad Boudjellal a tout fait pour enlever de la pression à ses joueurs en multipliant les sorties médiatiques. Et peut-être aussi préparer le terrain avant une éventuelle élimination...