Ligue 1: les Verts retrouvent des couleurs
Le 23/12/2006 à 11h07 GMT
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par Edward Jay
SAINT-ETIENNE (Reuters) - Un quart de siècle après son 10e et dernier titre de champion de
France, l'AS Saint-Etienne retrouve les sommets de l'élite du football national, grâce à une politique
constructive et patiente.
A l'entame de la nouvelle saison en août dernier, les Verts s'affichaient en outsiders ambitieux
avec un mot d'ordre lancé par l'un des cadres, le défenseur Vincent Hognon: "Notre objectif ?
Bouleverser la hiérarchie."
Une moitié de championnat plus tard, la mission semble remplie avec une place sur le podium,
résultat d'un jeu porté vers l'offensive: 20 buts marqués en 10 matches à Geoffroy-Guichard.
Pourtant, le pari pris cet été tenait de la gageure après une nouvelle intersaison fiévreuse, rythmée
par un changement d'entraîneur - nomination d'Yvan Hasek à la place d'Elie Baup, poussé vers la
sortie - et l'arrivée de huit nouveaux joueurs, le tout sur fond de bataille dans les étages
présidentiels.
Mais les décideurs, en place depuis deux ans, ont eu l'intelligence de trouver un terrain d'entente,
après des affrontements larvés qui avaient une nouvelle fois fragilisé le club.
Bernard Caiazzo, chef d'entreprise parisien, pionnier du marketing téléphonique, qui emploie 3.000
personnes et réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros, et Roland Romeyer, industriel
stéphanois, sont les deux co-actionnaires de l'équipe.
Chacun a investi cinq millions d'euros à titre personnel et les deux hommes se partagent désormais
le pouvoir après avoir fixé des objectifs sages.
"Notre ambition, c'est le top 5 dans les cinq ans", précisent-t-il, en choeur. "Etape par étape,
l'ASSE doit devenir une équipe phare de l'élite du foot français."
VALEURS VERTES
En parallèle, les deux hommes font confiance à un staff technique complémentaire.
Ivan Hasek, le Tchèque, apporte ainsi sa rigueur et son expérience avec un credo martelé
inlassablement.
"A Saint-Etienne, nous ne pouvons être moyens", déclare-t-il. "Chacun doit avoir le maximum
d'ambitions."
Son message sonne agréablement aux oreilles des joueurs.
"Son discours porte sur le don de soi, le travail, l'humilité", témoigne Julien Sablé. "Ce sont les
valeurs de la région stéphanoise."
Comme son voisin lyonnais l'avait fait en rappelant son ancien attaquant, Bernard Lacombe en 1989,
l'ASSE est allée chercher un héros de l'époque dorée, Laurent Roussey.
Elevé dans les valeurs "vertes", cadre de la dernière équipe numéro un en 1981, l'ex-prodige du
foot français amène son expérience du haut niveau, acquise aux côtés de Claude Puel à Lille.
Le message du staff, fait de rigueur et de travail, rejaillit sur un club qui retrouve enfin unité et
humilité, après 25 années ponctuées par les crises.
Il y eut l'affaire de la caisse noire en 1982 puis celle des faux passeports en 2001, mais également
la valse des présidents (10 au total depuis Roger Rocher) et celle des entraîneurs, 20 se sont
succédés sur le banc.
Et comme son aura, 30 ans après la finale de Glasgow, ne s'est jamais démentie, l'ASSE peut
encore surfer sur une nostalgie certaine, mise au service d'un marketing bien utilisé dans un budget
de 40 millions d'euros, désormais bénéficiaire.
Conséquence: les finances, abonnées au rouge depuis des années, permettent un recrutement
ambitieux, qui vise des joueurs au fort potentiel.
Mais à l'image des velléités de départ au mercato d'hiver de Frédéric Piquione - six buts et six
passes décisives - tenté par le voisin lyonnais, l'ASSE va devoir gérer une nouvelle étape de son
retour sur le devant de la scène.